Jean-Baptiste Delfau 2

Portrait de participant 10%

Chaque mois, la newsletter du programme 10% vous fait découvrir le parcours d'un datascienstist de l'Etat, participant au programme 10%. Jean-Baptiste Delfau, datascientist à la Gendarmerie nationale poursuit cette série de portraits. Un parcours riche marqué par des séjours à l'étranger, le goût de la logique et l'envie constante de mettre son expertise au service de l'intérêt général.

Quel est ton parcours ?
Je ne suis pas datascientist de formation. A l'origine, j'avais tenté médecine car j'aime l'humain, aider les autres. En début de formation, j'avais de la physique et j'ai beaucoup apprécié l'aspect logique de cette discipline, tout l'inverse du "par coeur". Je me suis alors orienté vers une thèse en physique statistique.
Après ma thèse, j'ai eu envie de tenter une expérience à l'étranger. J'ai d'abord passé deux ans à l'université de Tokyo en post-doctorat. Je suis un passionné de l'Asie et du Japon en particulier et l'université de Tokyo est reconnue pour l'excellence de sa recherche en physique. Puis j'ai enchainé avec une expérience professionnelle en Espagne pendant deux ans. C'était l'occasion de rester à l'étranger tout en me rapprochant de la France et le projet de recherche qui m'était proposé m'intéressait particulièrement.

Ces expériences à l'étranger ont été très enrichissantes. Par exemple, au Japon, j'ai beaucoup appris en matière de méthodes de travail. Le rapport au travail est très différent, il n'est pas vécu comme une charge bien au contraire. La mentalité est unique, le rapport à la hierarchie très marqué. Quant au milieu de la recherche, c'est un milieu exigeant dans lequel on doit toujours pouvoir être en mesure de démontrer ce que l'on avance. J'essaie de garder en tête ces principes encore aujourd'hui.

Comment es-tu arrivé à travailler comme datascientist dans le public?
Je suis rentré en France en 2017, aussi par besoin de me rapprocher de ma famille. Entre la physique statistique et la datascience, il y a pas mal de similitudes. La transition était facile et naturelle. J'ai candidaté dans une start up située à la Défense. Je me suis aperçu que mon profil plaisait. J'y ai fait mes armes en temps que datascientist en expérimentant les différentes facettes du métier : gestion de projet, conseil ...

Au bout de deux ans, j'ai eu envie de retourner dans le public et travailler pour l'intérêt général. Daphnée, une participante actuelle du programme 10%, que j'avais connue dans la start-up de la Défense, m'a dit que le Service des technologies et des systèmes d'information de la sécurité intérieure (ST(SI)²) créait un nouveau datalab. Pour moi, c'était un véritable challenge. Tout était à construire et ce projet présentait un véritable atout : avoir les SI et les métiers à portée de main. C'était également l'opportunité pour moi de travailler sur des projets concrets et industrialisables. Je me suis lancé dans cette aventure en 2019.

C'est quoi aujourd'hui ton quotidien en tant que datascientist à la gendarmerie nationale?
Il y a deux aspects essentiels: la partie technique de mon travail consiste à coder des algorithmes d'intelligence artificielle. Mais en amont, il est nécessaire de rencontrer les métiers et de définir ensemble les besoins algorithmiques en jouant un rôle d'AMOA : j'essaie de comprendre le rôle et la logique de travail des gens avec qui nous collaborons afin de bien cerner leurs besoins et d'élaborer ensemble des outils qui leur seront utiles. Cette activité me donne un aperçu d'aspects très différents de l'institution, c'est une partie de mon travail que j'apprécie particulièrement.

Sur quels projets travailles-tu actuellement ?
Le Datalab travaille actuellement beaucoup sur le projet PREDNATINF : quand un gendarme constate une infraction, il rédige un court texte et doit classer cette infraction selon sa nature. Il existe des milliers de natures d'infraction car celles-ci sont très précises. Par exemple, on fera la distinction entre la conduite en état d'ébriété et la conduite en état d'ébrité réitérée ... Le moteur de recherche portant actuellement sur les natures d'infraction est assez rudimentaire et fonctionne uniquement par mots-clés. Nous avons travaillé sur un algorithme permettant de classer les natures d'infraction par pertinence en se basant sur le texte rédigé par le gendarme. Cela permet à ce dernier de gagner du temps et d'améliorer la classification des infractions afin d'avoir une meilleure visibilité sur les chiffres de la déliquance.

Autre projet plus prospectif : nous travaillons sur des réseaux de causalité permettant de mettre en lumière s'il existe un lien de causalité entre deux séries temporelles. Par exemple : dans certaines villes, il existe des corrélations entre les infractions commises dans différents quartiers. Déterminer ces liens de causalité permet de mieux comprendre la délinquance afin de mieux lutter contre ces phénomènes.

Qu'est-ce tu aimes dans ce métier?
J'ai toujours aimé les sciences, pour moi c'est un peu comme résoudre des énigmes. Au-delà de cet aspect, j'aime rencontrer les gens, comprendre comment ils travaillent, les aider tout simplement. Quand on achève un projet qui rend vraiment service au métier, c'est très gratifiant.

Pourquoi as-tu rejoint le programme 10% ?
Le concept du programme 10% est très intéressant. C'est une super idée de mettre des experts qui ne se connaissent pas en relation pour se faire un réseau, sur lequel on peut s'appuyer. En plus, le programme permet de monter en compétence, d'avoir de nouvelles idées de projets, de partager des problématiques communes... J'ai la chance d'avoir des chefs qui m'ont beaucoup encouragé à rejoindre le programme.

Quel est le projet auquel tu participes dans le programme 10 % ?
Plusieurs projets m'intéressaient. Je me suis finalement positionné sur le projet FormIable qui consiste à aider les administrations à extraire des informations de documents difficilement exploitables comme des pdf scannés. C'est un projet qui est directement utile à la Gendarmerie. L'équipe est super et plurielle : les participants viennent de la Justice, de l'Insee, de la Gendarmerie, de l'Aviation Civile.
Le programme 10%, c'est l'opportunité de participer à un projet collectif qui nous aide très directement dans nos projets internes, tout en se formant et en échangeant entre pairs venant d'horizons différents.